Benoît Christal rend hommage à Bakhtiyar Haddad

Benoît Christal, correspondant de TF1 au Moyen-Orient, a rendu hommage à Bakhtiyar Haddad avec qui il a travaillé à plusieurs reprises. Le reporter revient sur ses souvenirs depuis l’exposition qui est consacrée au fixeur au Prix Bayeux.

Des photos pour susciter des mots // « La guerre contre la drogue aux Philippines »

À Bayeux mercredi 5 octobre, des lycéens de Granville et Mondeville visitaient l’exposition sur « la Guerre contre la drogue aux Philippines ». Après une explication du contexte par Justine Richard, responsable de l’exposition, les élèves découvrent les clichés des photographes philippins de la Ronde De Nuit.

Le choc des images

Des images dures et marquantes immortalisant le quotidien des habitants de Manille depuis l’arrivée au pouvoir de Rodrigo Duterte en 2016. Ce dernier mène, depuis son élection, une répression contre la drogue qui a déjà tué 9000 personnes.

Sur ces photos, des cadavres sur les trottoirs, des traces de sang et des personnes en larmes. Par petits groupes, les lycéens réagissent, posent des questions et prennent conscience de cette situation sanglante qui se déroule à plus 10 000 km de Bayeux.

Des réactions à retrouver en diaporama sonore.

Alexis Borne et Maxime James.

La photo du jour #2 : Une photo peut en cacher une autre

Jeudi 5 octobre 2017, Bayeux. © Alexis Borne

Une photo peut en cacher une autre. À Bayeux ce matin, des lycéens de Granville visitaient l’exposition « Guerre contre la drogue aux Philippines : la Ronde de Nuit ».

Pendant la visite, un jeune lycéen a sorti son téléphone pour immortaliser une photo : celle d’une main gantée et ensanglantée qui tient des balles de pistolet. « Je photographiais les regards des lycéens quand celui-ci a sorti son téléphone. Le résultat est à la fois drôle et fort : un photographe en a inspiré un autre », explique Alexis Borne.

L’élève immortalise ainsi la découverte de la situation aux Philippines, à travers des clichés durs et marquants. Une manière de partager à son tour son émotion de l’instant, sans utiliser de mots.

Adriane Ohanesia dévoile un Soudan du Sud à l’abandon

Photographe pour Reuters, Adriane Ohanesia travaille essentiellement au Soudan du Sud. Son exposition intitulée « Point d’ébullition – Sud-Soudan et secteurs du Soudan contrôlés par les rebelles » est le résultat d’un travail effectué de juillet 2011 à mars 2017. 55 clichés du quotidien de populations confrontées à un conflit peu connu du grand public.

Adriane Ohanesian a su transmettre de façon remarquable la dureté du conflit et la détresse des populations. © Roxane de Witte

Des combattants à la terrasse d’un café ou fêtant une victoire, les premières photos de l’exposition donnent le ton. Occulter les combats pour montrer le quotidien des populations, non sans violence, est le parti pris d’Adriane Ohanesia. Des évocations d’avant ou après combat, nous laissant imaginer les échanges de tirs ou d’explosifs, dont les conséquences sont, elles, montrées de manière explicite. 

Le plus ancien cliché exposé symbolise le point de départ du conflit. La photo présente des drapeaux sud-soudanais, jonchant le sol, après la première fête d’indépendance, le 9 juillet 2011. La photographe montre un lieu désert où seuls les restes de la fête subsistent. Symbole d’un pays à l’abandon et fui par sa population. 

Une violence présente au quotidien

La photo des drapeaux soudanais dispersés au sol est suivie de cinq photos évoquant les réfugiés. On ressent toute leur détresse, poussés par l’envie de fuir la guerre mais confrontés à une organisation humanitaire débordée. Pourtant, dans ces conditions, ce sont des scènes presque quotidiennes, avec la réalité d‘une organisation du travail. Alors que les femmes pendent le linge sur les barbelés du camp ou vont chercher de l’eau, les enfants et leurs mères attendent les rations alimentaires, que les hommes se chargent de porter. Des populations, également affectées par le climat et le choléra, deux phénomènes mis en valeur par une saisissante flaque d’eau stagnante constellée de mouches, au sein même d’un camp de réfugiés.

Comme une invitation à se poser des questions sur l’aide humanitaire apportée à ces populations. Toutes, surveillés par des Casques bleus, révélant une violence présente sur chaque photo. Vision accentuée par des clichés poignants de villageois fuyants leurs maisons détruites et se terrant dans des grottes pour se protéger des bombardements. 
De photo en photo, Adriane Ohanesia expose le quotidien des populations, sans oublier toute la violence de la guerre. Elle reste suggérée.

L’exposition ira néanmoins plus loin. Physiquement, plusieurs photos frappent le visiteur. Un enfant brulé par une explosion recroquevillé et couvert de plaques, une autre amputée du bras. Des clichés évocateurs de la mort elle-même, sans vraiment la représenter, accentuent la force de l’exposition. Une main gisant dans une mare de sang autour de pansements impuissants. Une autre en état de décomposition abandonnée à même la terre. Des traces de doigt imprimés sur le plastique fondu d’une maison calcinée. Pas un corps ni un visage n’est visible, seule une main, on son empreinte, exposée comme le regret de n’avoir pu la saisir. 

Le choix d’Adriane Ohanesian fait passer les combats au second plan, pour inviter à réfléchir sur les conséquences du conflit, et sur la guerre en elle-même.  Sa représentation des combats est celle de civils luttant pour survivre apporte à cette exposition, techniquement parfaite, un témoignage poignant.

Waldemar de Laage

5 moments forts de la journée #1

MERCREDI 4 OCTOBRE.
À peine implanté en centre-ville, le Prix Bayeux-Calvados 2017 suscite déjà l’attention des Bayeusains. Premières timides allées et venues dans les expositions et premiers visionnages des œuvres en compétition … Néanmoins, le Prix a bel et bien commencé. Voici notre récapitulatif de la journée du mercredi 4 octobre.

1 | Pluie de bombes sur une famille syrienne

Comment continuer à vivre dans la Syrie en guerre ? Mardi soir, le cinéma le Méliès de Bayeux diffusait Une famille syrienne, le long-métrage du réalisateur Philippe Van Leeuw. Entre quatre murs, le foyer familial tente de survivre normalement, malgré les obus qui tombent sans cesse au dehors. Ces bombes qu’on ne voit pas, mais qu’on entend. Finalement, ce sont ces éléments qui sont déterminants.

Malgré la guerre, beaucoup de familles syriennes restent sur place. Soit parce qu’elles se sont fait piéger, soit parce qu’elles ont refusé de laisser leur vie derrière elles. Ces vies qu’elles tentent à tout prix d’entretenir, comme si tout allait bien, comme si la guerre ne menaçait pas à tout moment de fracasser l’équilibre de ce foyer aseptisé.

Retrouvez notre critique d’Une famille syrienne ici.

2 | Soldats de plomb sous le soleil ougandais

L’écrivain franco-états-unien Jonathan Littell passe pour la première fois du livre au grand écran. Mercredi 4 octobre à 20h30, son documentaire Wrong Elements est projeté au cinéma le Méliès de Bayeux. Dans ce film, le cinéaste braque ses caméras sur les ex-enfants-soldats de l’Ouganda, ceux qui s’en sortent. Pourtant, lorsqu’ils tentent de retrouver leur vie d’avant, ils ne sont plus que des « wrong elements », discordant avec leur environnement.

Le fils de Robert Littell dresse dans son documentaire les portraits de plusieurs ex-enfants-soldats : Geofrey, Nighty, Mike et Lapisa. Enlevés à l’adolescence, ils se livrent sur ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont commis et ce qu’ils sont aujourd’hui.

Retrouvez notre critique de Wrong Elements jeudi 5 octobre.

3 | Une sélection forte en émotions

À plus de 4000 kilomètres de Mossoul, le son des balles n’est pas altéré. Les reportages défilent sur les écrans de l’Espace Saint-Patrice © Jordan Guérin-Morin

« Les images sont parfois dures. Ce n’est pas toujours évident pour le public », reconnaît Jean-Paul Faire, responsable de la présentation de la sélection 2017. Il accueille, tous les jours jusqu’au dimanche 8 octobre, une dizaine de visiteurs à l’Espace Saint-Patrice de Bayeux. Les cinquante reportages en compétition dans les catégories radio, photo et télévision (petits et grands formats) y sont diffusés sur des tablettes et écrans. « Pour la première fois cette année, nous avons installé des affiches pour prévenir que certaines images peuvent heurter les plus sensibles », précise l’homme responsable depuis 22 ans. « Lundi, une professeure est venue voir l’exposition. Elle repérait les images que ses élèves ne pourraient pas voir. »

Dans les oreilles du visiteur, les casques crachent les bruits de balles et d’explosions. Une femme pleure la perte de ses enfants. Dans l’Espace Saint-Patrice, le silence règne. Ici, chacun compatit en silence à l’horreur de la guerre. « C’est dur, très dur même. C’est brut. Les photos, c’est plus facile. Il n’y a pas le son des bombardements et des coups de feu », avoue Léa Dubost, une spectatrice. « On sent aussi les dangers pris par les reporters. La caméra bouge. On se sent plongé dans l’action », poursuit son amie Camille entre deux reportages. 

4 | #Dysturb, une autre vision de l’information

#DYSTURB, Paris on December 1st, 2015 // 15 rue de l’ecole de medicine 75005 PARIS : Special Operation with Magnum Foundation and #Dysturb for the COP21. Photo pasted Ciril Jazbec © Benjamin Girette

Fondé en 2014 à Paris, #Dysturb est d’abord le fruit d’une rencontre, celle entre Pierre Terdjman et Benjamin Girette, il y a sept ans. Les deux hommes sont photo-reporters. Un jour, Pierre, de retour Centre-Afrique, a regretté que ses clichés n’aient pas plus de visibilité. La solution est trouvée : Pierre imprime ses photos en grand format, et va les afficher dans Paris, en bas de chez lui. Pour l’accompagner dans cette entreprise, il sollicite l’aide de Benjamin Girette. #Dysturb était né. 

Plus d’informations sur le collectif #Dysturb ici. 

5 | Tous formats, tous pays, le conflit vu par NOOR

Les documentaires diffusés sur les écrans de l’exposition résument parfaitement le sentiment d’impuissance des visiteurs face aux images du collectif NOOR. © Waldemar de Laage

Des sons, des images, des mots. L’agence photographique Noor n’a pas lésiné sur les moyens de plonger ses visiteurs dans l’univers de la guerre. Sobrement intitulée  » Conflits oubliés, conflits de demain », l’exposition multisupports est organisée par thèmes. Au pied de l’imposante Cathédrale de Bayeux, les photographies ornent le jardin de l’hôtel du Doyen. Certains portraits – dont les regards sont durs à soutenir – contrastent avec la verdure qui entoure le visiteur.

A l’intérieur du bâtiment, un son puissant d’avion résonne. En guise d’introduction à l’exposition, une vidéo sur les drones états-uniens. Dans la salle principale, des photos sont disposées sur les murs. Elles sont accompagnées de chiffres choc : « 22,5 millions de réfugiés dans le monde ». Plus loin, des tablettes attendent. Plusieurs travaux y sont proposés, un long format web, des vidéos également. Enfin, une salle à écrans est emplie d’un son permanent de guerres, de conflits et de combats.

 

La rédaction