Clément Saccomani : du photoreportage au management

Ancien photo-reporter, Clément Saccomani est aujourd’hui directeur général de NOOR Images*. Ses nouvelles fonctions lui font voir une autre facette de la photographie : la gestion des reporters.

Clément Saccomani est directeur général de l’agence NOOR Images depuis 2015.

Au pied de l’exposition « Conflits oubliés, conflits de demain », à l’Hôtel du Doyen, Clément Saccomani est au téléphone, tel un homme d’affaires. À 36 ans, Clément Saccomani est à la tête de NOOR Images. Il a d’abord arpenté plusieurs pays, comme reporter indépendant. À ce moment, il était journaliste. « C’est vraiment la curiosité qui m’a poussé à ça. J’avais étudié le droit et la science politique avant d’être reporter. »

 

Il exerce son activité pendant plusieurs années, et traite des sujets qui lui tiennent à coeur. Il se rend notamment en Amérique du Sud pour travailler sur les violences sexuelles,  et les brutalités faites aux femmes, en particulier dans les prisons.

Un tournant nécessaire

Clément Saccomani ne glorifie pas son métier, la dangerosité du terrain ou l’adrénaline qu’il a pu ressentir. Il avoue même qu’une remise en question lui a été nécessaire, après six ans de photoreportage.

 

Rapidement, le journaliste devient directeur éditorial pour l’agence Magnum photos. Il débute ensuite un projet avec NOOR Images, dont il dirige les activités depuis 2015. « Noor est venu me chercher en m’offrant un poste de directeur général, à Amsterdam. J’ai pu exposer ma vision des choses, ce que je pense de l’industrie de la photographie, son marché, son économie, pour développer et assurer la pérennité de l’agence. » 

Dans l’éthique et l’engagement de NOOR, Clément Saccomani retrouve les sujets auxquels il tient, comme la violence faite sur les femmes. Sans s’éloigner du monde de la photographie qu’il affectionne toujours autant, il s’exerce à de nouvelles activités . 

Lorsqu’on lui demande s’il regrette le terrain, Clément est partagé. Evidemment, les difficultés du jeune reporter lui viennent à l’esprit. 

 

« Photographe, c’est le plus beau métier du monde »

Avec une métaphore bien à lui, il explique comment il voit la photographie, un travail non plus solitaire mais collectif. « C’est un gros gâteau dont le reporter, lorsqu’il appuie sur l’objectif, serait la cerise. Et beaucoup de maillons participent à l’élaboration de ce gâteau. Les photographies ne sont que la fin d’un long processus. » 

Il considère que son rôle de directeur général est plus utile pour l’information. « Mon activité est différente, mais je touche plus de monde, et les travaux de journalistes de Noor disposent d’une large audience. J’ai traité auparavant des sujets que je trouvais très importants, et j’ai réalisé à la fin que c’était compliqué. Je n’avais pas les ressources, les connaissances ou le réseau. Au final je vendais une ou deux photos, et c’était frustrant. » 

Clément Saccomani, permet à des journalistes de s’y rendre dans les meilleures conditions possibles. Il travaille avec une nouvelle philosophie : « être heureux pour les autres et pas tristes pour nous. »  

Dorian Girard et Alexandre Hodicq

*NOOR Images est une agence photographique créée en 2007.