France Inter et les femmes dans la guerre

Les femmes dans la guerre. L’émission « Un jour dans le monde » sur France Inter se délocalisait jeudi soir au prix Bayeux. Fabienne Sintes parle des « gens dans la guerre » aux côtés de Leila Minano, Anne-Laure Pineau et Hala Kodmani.

5 moments forts de la journée #4

SAMEDI 7 OCTOBRE. C’est le D-Day. Aujourd’hui, les noms des lauréats sont dévoilés. La soirée de remise des prix est animée par Nicolas Poincaré, chef du service reportage d’Europe 1. Demain, le Prix Bayeux-Calvados entrera dans sa dernière journée. 

1 | La remise des prix

Le vote du jury du public a eu lieu ce matin, à 10 h. Le prix sera décerné ce soir © Maxime Marie

C’est le point d’orgue du festival. La soirée de remise des prix, présentée par Nicolas Poincaré, débute à 18 h 30 au Pavillon Prix Bayeux-Calvados. Le jury international attribuera les trophées dans les catégories presse écrite, télévision, télévision grand format, photo, radio, jeune reporter et image vidéo. Trois prix spéciaux vont également être décernés : le prix Ouest-France Jean Marin (presse écrite), le prix région des lycéens et apprentis de Normandie (télévision) et le prix du public (photo).

La soirée est aussi l’occasion de revenir sur l’actualité de l’année. Certains sujets inédits, prévus pour l’événement, y sont également diffusés. 

Pour plus d’information en temps réel, suivez notre live de la soirée ici

2 | La Turquie d’Erdogan 

Quatre grands reporters étaient invités pour analyser la situation : le photographe Mathias Depardon et les journalistes Guillaume Perrier, Jana Jabbour et Erol Onderoglu © Prix Bayeux

La Turquie est actuellement vue comme un régime de terreur sous la coupe du président Receip Erdogan. Pour évoquer la situation, une soirée intitulée « Où va la Turquie d’Erdogan ? » était organisée vendredi soir au Pavillon Prix Bayeux-Calvados en présence de grands reporters.

Pour plus d’information, retrouvez notre zoom sur la Turquie ici.

3 | Le Salon du livre

Salon du livre, Prix Bayeux, 2017

Le pavillon du Prix Bayeux accueillait aujourd’hui son salon du livre. Reporters, photographes et même dessinateurs étaient réunis pour dédicacer leurs ouvrages et échanger avec le public. Les reporters discutent entre eux, partagent leurs expériences sur le terrain. Le dessinateur Thomas Azuélos, qui publie « Le Fantôme Arménien », prend même le temps de réaliser des dessins pour ses lecteurs.

Thomas Azuélos dédicace la BD « Le Fantôme Arménien » , qu’il a illustré. 

Les livres couvrent diverses partie du monde. Mali, Quatar, Syrie, Turquie, Centre Afrique, de nombreuses histoires habitent le pavillon Bayeux pour cette journée. 

Hala Kodmani dédicace son livre « Seule dans Raqqa » au Salon du livre du Prix Bayeux

 

 

 

4 | Mossoul, un combat idéologique 

Lucas Menget (à droite), a posé de nombreuses questions au reporter Jeremy Bowen (à droite), samedi 7 octobre à l’auditorium de Bayeux. © Jordan Guérin-Morin

Quelques heures avant la remise des prix, le président du jury Jeremy Bowen a participé à une table ronde devant une centaine de personnes à l’auditorium de Bayeux. Le rédacteur en chef de la BCC et reporter au Moyen-Orient a répondu aux questions du directeur adjoint de France Info, Lucas Menget. 

Jeremy Bowen est d’abord revenu sur la délibération du jury du Prix Bayeux. « Je ne vais pas vous donner le nom du vainqueur. Je serais obliger de vous tuer », plaisante Jeremy Bowen déclenchant les rires du public. 

Plus sérieux, Jeremy Bowen a ensuite expliqué les particularités de la bataille de Mossoul. « C’est un combat classique, rue par rue, maison par maison. La nouveauté, c’est la volonté des combattants. Maintenant, ils sont prêts à mourir. Les djihadistes sont prêts à tout. » 

Jeremy Bowen a ensuite expliquer que les armes ne suffisent pas à affronter l’Etat islamique. » Il faut mobiliser l’éducation et la politique. Les djihadistes sont présents en France et en Grande Bretagne, pas seulement au Moyen Orient « , a souligné le vainqueur du Prix Bayeux 2009. « Les djihadistes sont des personnes déconnectées de la culture de leurs pays. Ils se tournent vers une nouvelle idéologie » , a-t-il ajouté. 

5 | Un échange avec les auteurs au Forum Médias 

Anne-Laure Pineau, Justine Brabant et Leïla Minano ont présenté Impunité Zéro © Waldemar de Laage

Un échange privilégié entre les journalistes et le public. Voici le souhait du Forum Médias, qui s’est déroulé de 10 h 30 à 12 h puis de 14 h à 17 h à l’Espace Saint-Patrice de Bayeux. Six auteurs participant également au Salon du livre y ont présenté leurs ouvrages face à une quarantaine de personnes.

Le forum était animé par Claude Guibal, qui s’est attachée à poser le contexte historique autour des œuvres et à préciser des points de définition. « Les auteurs peuvent prendre le temps de se présenter, d’expliquer leur travail et leur livre. C’est enrichissant et un peu plus intimiste », explique-t-elle.

Les auteurs ont eu à tour de rôle 45 minutes pour s’exprimer et répondre aux questions du public. La nature des ouvrages a pris des formes variées. Le matin, Adrien Absolu a présenté Les Forêts profondes, qui traite l’apparition du virus Ebola sous forme romanesque ; suivi par Quelle diplomatie pour la France, de Renaud Girard. L’après-midi a repris avec Impunité Zéro, une enquête d’Anne-Laure Pineau, Justine Brabant et Leïla Minano – également présentée à France Inter jeudi. Ont ensuite suivi Le Pays des Purs, une bande dessinée de Sarah Caron et Hubert Maury ; Une fleur sur les cadavres, sur les traces des chasseurs de bourreaux d’Émilie Blachère ; et enfin Journey Man, du photographe Thomas Haley. 

La rédaction

5 moments forts de la journée #3

VENDREDI 6 OCTOBRE. Le Prix Bayeux-Calvados est bel et bien lancé. Plusieurs tables rondes aujourd’hui : Amnesty International et le Soudan du Sud, le devenir de la Turquie… Demain, le prix des correspondants de guerre se dévoilera pleinement avec la liste des lauréats.

1 | Un journaliste au front, le quotidien d’un reporter sur le terrain

Projeté à 14 h 30 au cinéma Le Méliès de Bayeux, Un journaliste au front de Santiago Bertolino suit le travail du reporter de guerre Jesse Rosenfeld sur trois ans. Le documentariste cherche à sensibiliser les spectateurs aux difficultés de ce métier sur le terrain. Pour ce faire, Jesse Rosenfeld est observé dans sa préparation au Canada puis sur le terrain. Au Caire lors de l’élection du général Abdel Fattah Al-Sissi en 2014, en Israël et en Irak.

L’objectif est respecté et le spectateur découvre les problèmes de prendre contact avec des sources, d’être au cœur de l’actualité lorsqu’elle tombe et de pouvoir vendre un sujet préparé à une rédaction. Le pari du réalisateur en est d’autant plus intéressant puisque le journaliste qu’il suit ne travaille que pour la presse écrite. Un support qui, pour le réalisateur, est « plus difficile à vendre ».

Retrouvez une critique du film samedi 7 octobre sur notre site.

2 | La table ronde Amnesty International 

Les clichés d’Adriane Ohanesia ont illustré le propos des intervenantes. © Maxime Oliveira

« C’est un territoire au cœur des ténèbres. » Les mots employés par Michel Beuret, correspondant à Paris pour la Radio Télévision Suisse, au moment de décrire le Sud Soudan, sont particulièrement forts. Ils ont été prononcés lors de la table ronde Amnesty International intitulée « Sud Soudan : le conflit oublié », entre 18 h 30 et 19 h 30 à l’Espace Saint-Patrice de Bayeux.

Adriane Ohanesian, photographe américaine et auteure de l’exposition « Sud Soudan, point d’ébullition », ouverte tous les jours au Musée d’Art et d’Histoire de Bayeux jusqu’au 29 octobre, et Donatella Rovera,  responsable crises et conflits pour Amnesty International, ont apporté leur témoignage avant de répondre aux questions du public.

Les deux femmes ont décrit une région du monde au climat aride, où l’accès à l’eau est compliqué, où environ 95 % de la population est analphabète. Le Sud Soudan, fondé en 2011, est le plus jeune État du monde mais il souffre depuis 2013 d’une guerre civile entre partisans du président Salva Kiir et ceux de l’ancien vice-président Riek Machar. Cette situation entraîne de forts déplacements de populations : environ 2 millions de Sud-Soudanais ont migré depuis 2013, notamment vers l’Ouganda. 

3 | France Culture pose ses valises à l’Hôtel du Doyen

Vendredi 6 octobre, le logo violet de France Culture tapissait les murs de l’Hôtel du Doyen. © Jordan Guérin-Morin

La radio France Culture était en direct de l’Hôtel du Doyen à Bayeux, vendredi 6 octobre. Aurélie Kieffer présentait entre 17 et 18h l’émission « Le magazine de la rédaction », consacrée aux victimes de Daesh. Deux reportages de Marie-Pierre Verot étaient à l’honneur.

Le chercheur du CNRS Pierre-Jean Luizard y a réagi, en apportant ses connaissances sur le sujet. Ensemble, ils ont discuté du sort des femmes yézidies : « Elles sont réduites à l’esclavage sexuel par Daech. L’Etat islamique considère le yézidisme comme la religion du diable », a expliqué le chercheur. 

Nombreux étaient les curieux à se rendre à la diffusion publique. Certains assistaient à une émission radiophonique pour la première fois. Retrouvez plus d’informations dans notre diaporama sonore. 

4 |Bakthyiar Haddad, 15 ans dans la guerre d’Irak

Sur les murs de l’exposition, les photographies témoignent de l’engagement de Baktiyar Haddad. Le fixeur protégeait les journalistes et secourait les blessés. © Jordan Guérin-Morin

Bakhtiyar Haddad était journaliste et fixeur en Irak. Le 19 juin dernier, il  est mort à Mossoul dans l’explosion d’une mine artisanale. Au musée Mémorial de la Bataille de Normandie, une exposition retrace sa vie. Ponctuée de reportages écrits et de vidéos, la visite ne s’intéresse pas uniquement au fixeur. Elle dépeint le lien très fort entre Bakhtiyar Haddad et la situation politique de son pays. Il s’agit de la première exposition consacrée à un fixeur. 

Un premier hommage a déjà été rendu lors du Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre. Jeudi 5 octobre, le nom de Bakhtiyar Haddad a été gravé sur la stèle à la mémoire des reporters décédés dans l’exercice de leur métier.

Plus d’informations sur l’exposition consacrée à Bakhtiyar Hadad ici

5 | Les lycéens à la rencontre de Hala Kodmani

Hala Kodmani est l’auteure du livre « Seule dans Raqqa », sorti en mars dernier. © Jordan Guérin-Morin

Environ 70 lycéens de Bayeux et du reste du Calvados se sont réunis à 10 h 30 salle Saint-Laurent, pour un échange avec Hala Kodmani, responsable de la rubrique Syrie au journal Libération. Pendant une heure, les élèves ont interrogé la journaliste franco-syrienne sur sa profession, les dangers encourus sur le terrain, l’État Islamique, ou encore sa connaissance du régime de Bachar al-Assad.

Présente hier sur le plateau de France Inter, Hala Kodmani a d’abord décrit le danger de mort qui accompagne les journalistes sur le terrain. Elle est ensuite revenue sur les zones de guerre dévastées, fruit des multiples menaces encerclant les populations (régime syrien, Daesh, voire la coalition internationale). 

Dans le public, des élèves du lycée Jacques-Prévert de Pont-Audemer étaient notamment présents. L’établissement propose un atelier médias à ses lycéens, qui ont pu s’exercer aux productions journalistiques, en prenant des notes ou en procédant à des enregistrements radiophoniques. Ils étaient même plusieurs à exprimer leur déception quand est arrivée la dernière question. C’était également le cas de Fabrice Pilat, professeur d’histoire-géographie à Jacques-Prévert et responsable de l’atelier médias.

La rédaction

ZOOM #3 : La famille de Javier Valdez Cárdenas défend la liberté de la presse

Griselda Triana était au Prix Bayeux-Calvados pour rendre hommage à son mari Javier Valdez Cárdenas, journaliste mexicain tué par balle en mai dernier. De cette disparition est née un engagement familial en faveur de la liberté de la presse.

La famille de Javier Valdez Cárdenas, de gauche à droite : sa fille Tania Valdez, son épouse Griselda Triana et sa soeur Dora Valdez. © Jordan Guérin-Morin

« Nous restons à Bayeux jusqu’à demain », glisse Griselda Triana. La femme du journaliste mexcain Javier Valdez Cárdenas est attablée à la terrasse d’un restaurant bayeusain. Son mari était spécialiste du narcotrafic, il a été tué par balle le 15 mai dernier à Culiacan dans l’État du Sinaloa. Griselda Triana a parcourru 9 000 kilomètres pour lui rendre hommage.

Instant émouvant pendant le dévoilement de la stèle à la mémoire des reporters décédés. © Jordan Guérin-Morin

« Javier est mort dans la ville où il est né », a-t-elle insisté lors du dévoilement de la stèle 2016-2017 du Mémorial des reporters. « C’est important que le nom de mon mari soit gravé sur cette stèle », explique Griselda Triana. Le soleil brille sur sur ses cheveux roux. Elle commande et poursuit. « Hier, je me suis exprimée au micro pour rendre hommage à Javier et pour que personne n’oublie. » Les yeux de Griselda sont humides. Pourtant, elle ne laisse rien paraître.

Avec patience, elle répond aux questions et affronte la barrière de la langue. Sa fille, Tania Valdez, s’improvise interprète. Javier Valdez Cárdenas était le fondateur du quotidien Riodoce. Sa mort laisse place à un combat familial en faveur de la liberté d’expression. « La liberté d’expression est un droit universel. Tout le monde doit pouvoir s’exprimer », souligne Griselda Triana.

La serveuse dépose un hamburger sur la table. « Graciás », remercie Griselda. Elle reprend : « Aujourd’hui, je me bats pour que les journalistes puissent informer de manière critique et indépendante ».

La fille de Javier Valdez Cárdenas porte un tee-shirt à l’effigie de son père. © Jordan Guérin-Morin

Dora Valdez, la sœur de Javier Valdez Cárdenas, approuve en silence. Le métier de journaliste a coûté la vie de son frère. « Javier est mort parce qu’il a utilisé sa liberté d’expression avec les moyens de communication que sont internet et les réseaux sociaux », explique Griselda Triana. Elle conclut : « Il s’est exprimé à un moment où le Mexique est dangereux »

Le cas de Javier Valdez Cárdenas n’est pas isolé. Il était le sixième journaliste tué depuis janvier 2017 au Mexique. « Les journalistes mexicains sont en danger » , souligne Griselda Triana. « Il faut les protéger pour qu’ils puissent être libre de travailler. » La famille de Javier Valdez Cárdenas est déterminée. Sa fille Tania Valdez se lève de sa chaise. Elle écarte son manteau. Elle porte un tee-shirt à l’effigie de son père.

Jordan Guérin-Morin

La photo du jour #3 : « Journaliste tout le temps, partout »

Le 6 octobre à Bayeux, espace Saint-Laurent. © Roxane de Witte

Le Turc Burhan Özbilici était à Bayeux pour échanger avec des lycéens sur son travail de photoreporter. Le gagnant du World Press 2017 est employé par l’agence Associated Press depuis 28 ans.

Les élèves l’ont interrogé sur son travail de journaliste et sur la photo qui l’a rendu célèbre. « Journaliste tout le temps, partout », a-t-il clamé. En décembre 2016, il photographie l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara dans une galerie d’art. Les risques qu’il a pris ainsi que la violence de la photo font débat. Les adolescents s’interrogent sur le rôle des journalistes. Une discussion philosophique sur leur rôle s’enclenche. Pendant les débats, Burhan Ozbilici s’avance vers les lycéens pour mieux entendre les questions.

« Après plus d’une heure d’échanges, j’ai décidé de m’approcher de la scène », raconte Roxane de Witte. Elle poursuit : « La proximité entre les élèves et Burhan Özbilici est illustrée ».